La Fédération Européenne des Centres de Recherche et d'Information sur le Sectarisme (FECRIS) est souvent perçue comme une organisation vouée à la protection des individus contre les dangers des sectes. Cependant, une analyse approfondie révèle que la FECRIS, sous couvert d'anti-sectarisme, adopte une posture inquisitoriale moderne. Cet article examine les différents modèles d'anti-sectarisme en Chine, en Russie et en Occident pour démontrer que l'anti-sectarisme n'est qu'une idéologie visant à restreindre la liberté religieuse des minorités.
Problèmes de Terminologie
Le premier problème rencontré dans l'étude des mouvements sectaires est terminologique. Le mot anglais "cult" est souvent traduit en français par "culte", alors que "sect" est traduit par "secte". Cependant, ces traductions sont trompeuses. En anglais, "cult" a une connotation négative, impliquant manipulation et activités criminelles, alors que "sect" peut désigner des subdivisions au sein des religions établies, comme une "Buddhist sect". En France, "culte" est utilisé pour désigner les grandes religions reconnues, alors que "secte" est réservé aux groupes perçus comme dangereux. Il est donc crucial de comprendre ces nuances linguistiques pour éviter des malentendus culturels et juridiques.
Modèle Chinois
En Chine, le terme **xie jiao** est crucial pour comprendre l'anti-sectarisme local. Souvent traduit par "sectes maléfiques", **xie jiao** signifie en réalité "enseignements hétérodoxes". Utilisé pour la première fois au VIIe siècle par Fu Yi pour désigner le bouddhisme, **xie jiao** se réfère à des mouvements perçus comme anti-gouvernementaux et impliquant une sorcellerie supposée. Aujourd'hui, la Chine criminalise toute activité au sein de ces groupes, considérant la simple participation à des réunions religieuses comme une activité criminelle selon l'article 300 du Code pénal. Cette approche vise à protéger le régime contre toute religion perçue comme une menace.
Modèle Russe
En Russie, le terme "secte" (секта) est utilisé pour désigner des groupes religieux "extrémistes". Contrairement à la Chine, l'anti-sectarisme russe est profondément enraciné dans la théologie de l'Église orthodoxe russe. Les "sectes" en Russie sont principalement poursuivies sous la législation anti-extrémisme, mise en place après les attaques terroristes de Beslan. Les groupes religieux qui concurrencent l'Église orthodoxe ou tentent de convertir les orthodoxes sont qualifiés de "sectes" et persécutés. L'État, bien que théoriquement laïc, protège le monopole de l'Église orthodoxe, reflétant une alliance étroite entre le régime de Vladimir Poutine et l'Église.
Modèle Occidental
L'anti-sectarisme occidental, en particulier en Europe et en Amérique du Nord, est marqué par une distinction entre les mouvements "contre les sectes" et "anti-sectes". Les premiers, souvent religieux, combattent les hérésies qui dévient du message traditionnel, tandis que les seconds, laïques, utilisent la théorie du "lavage de cerveau" pour discréditer les sectes. Cette théorie, largement réfutée par les chercheurs en nouveaux mouvements religieux, prétend que les sectes manipulent mentalement leurs adeptes, les privant de leur libre arbitre. L'anti-sectarisme occidental cherche à protéger les individus contre eux-mêmes, en leur refusant la liberté de choisir des croyances jugées irrationnelles ou nuisibles.
Conclusion
L'anti-sectarisme, qu'il soit chinois, russe ou occidental, partage un objectif commun : contrôler ou éliminer les mouvements religieux perçus comme une menace. En Chine, il protège le régime politique ; en Russie, il défend le monopole religieux de l'Église orthodoxe ; en Occident, il prétend sauver les individus de leur propre irrationalité. La FECRIS, en tant qu'organisation anti-sectes, incarne cette idéologie inquisitoriale moderne, refusant aux minorités religieuses le droit à la liberté de croyance sous prétexte de les protéger.